La police mal à l'aise après l'enquête sur les contrôles au faciès
L’enquête du CNRS sur les contrôles policiers au faciès a provoqué des remous au point que la police a envoyé sa porte-parole, la commissaire Lajus, répondre point par point aux problèmes soulevés.
Il y a quelques années pourtant, une dénonciation similaire mais non scientifiquement prouvé, avait valu à ses auteurs, des magistrats, des poursuites pour diffamation envers la police de la part des ministres de l’intérieur de l’époque, Daniel Vaillant (PS) et Nicolas Sarkozy. Sept ans de procédures avaient abouti à une première condamnation puis à une relaxe.
Cette fois, la police change de stratégie. Elle admet les dérives mais les met sur le compte de policiers inexpérimentés et pas assez formés.
Pour elle, s’il y a des instructions, c’est à cause du ciblage sur les fauteurs de trouble habitués des bandes qui se sont illustrées plusieurs fois à Paris. La commissaire, très diplomate, s’excusant presque qu’il s’agisse de personnes issues des minorités.
Elle admet que la couleur de la peau soit un des éléments pris en compte pour cibler les personnes à contrôler tout comme l’apparence vestimentaire, l’âge, le sexe.
Elle parle de logique « probabiliste » : « On sait qu’un qu’un homme en costume cravate peut être porteur de produits stupéfiants sauf qu’à Chatelet-Les Halles, on a plus de chance de trouver du cannabis sur un rasta. »
Pour rappel, l'étude a été menée à la Gare du Nord et à Chatelet-Les Halles. Sur Mediapart, voir onglet "prolonger".
37.000 personnes ont déambulé sur les deux sites : 58% à l'apparence de blancs, 23% de noirs, 11% de maghrébins.
Sur 594 personnes contrôlées, on a recensé une majorité de jeunes et d'hommes.
- 11,5 fois plus de noirs que de blancs, 7 fois plus de maghrébins que de blancs.
- 3 fois plus de fouilles pour les maghrébins, 4 fois plus de fouilles pour les noirs.
- 2 fois plus de transferts au poste de police pour les maghrébins, 3 fois plus pour les noirs.
- 79% des personnes contrôlées puis rencontrées par les chercheurs disent être contrôlés au moins une fois par mois, 16% plus d'une fois par semaine !