Quotas raciaux dans le football: inquiétude aux Antilles
Cette affaire de quotas raciaux dans le football français est un drôle de revirement!
L'Equipe avait trahi le sacrosaint secret des vestiaires en publiant les propos présumés que Nicolas Anelka aurait tenus à Raymond Domenech.
On connait la suite: le fiasco puis le sabordage de l'équipe de France de football.
Et puis là, avec l'affaire des quotas, on est bien plus sérieux, rien à voir avec L'Equipe, petit rapporteur d'injures. Juste les propos d'une réunion tout ce qu'il y a de plus sérieuse où un petit groupe de dirigeants pense faire progresser le football français en évoquant à mots couverts une politique discriminatoire.
Trop de maghrébins, trop de blacks grands et costauds! Vivent les petits blancs plus futés, paraît-il, que ces indigènes originaires d'on ne sait où.
Ces mêmes dirigeants n'avaient rien fait pour défendre leurs joueurs après l'affaire Anelka, ils s'étaient dépêchés de sanctionner le joueur pour calmer les médias. Les joueurs s'étaient retrouvés seuls. On vit ce qu'il advint de l'équipe.
C'est donc encore une affaire de réunion privée, dans les "vestiaires" de la FFF, que des propos bien plus graves que des injures proférées sous le coup de la colère, ont été tenus.
On comprend le souci de bien faire qu'avaient ces dirigeants. Ils avaient senti le couteau de la catastrophe pour leur carrière, leur effleurer le cou après la coupe du monde. Ils pensaient qu'il fallait réconcilier le football français avec son public et ses sponsors. Envoûtés par les sirènes de l'identité nationale, ils voulaient à la fois purger le football français de son cosmopolitisme tout en rédéfinissant le jeu des bleus. Des blancs techniciens et tacticiens à l'attaque servis par quelques solides défenseurs noirs mais pas en nombre...
Un retour à l'ère de l'équipe 1982 de Platini en somme.
Il fallait de nouvelles stars, capables de charmer le public et attirer plus de sponsors. Finis ceux qu'on a trop souvent décrits comme ingrats, rebelles, mal élevés. Bienvenus aux types propres, humbles, dociles, capables de plaire à toute la famille installée devant son poste.
Car, il ne s'agit plus de football ou même de sport. Si on s'en tient au sport, il y a les clubs, il y a l'équipe de France avec leurs sponsors, leurs clubs de supporters. Mais il n'y a pas que ça! Avec le football, on est dans le star system, dans le show-biz, l'argent facile, les boites de nuit, les prostituées. Pour les joueurs mais pas qu'eux. Et ceux qui gravitent à l'affût, autour des joueurs, on n'en parle jamais.
Les footballeurs "bankables" subissent une pression énorme, comparable à celle qui pèse sur les pop-stars sauf que les pop-stars peuvent se cacher un certain temps alors que les footballeurs jouent trois à quatre fois par semaine...
Ce scandale des quotas a fait mouche, même aux Antilles où avec prudence, les dirigeants du football se posent des questions. La FFF devait développer avec les ligues locales un pôle outre-mer pour détecter très tôt les talents ultra-marins de demain. Belle idée, mais après des mois, toujours aucun financement de la part de la FFF.
Même l'assemblée extraordinaire de la FFF, le 2 avril, qui réunissaient l'ensemble des délégations de toutes les régions françaises n'avait débouché sur rien de concret.
Alors, là-bas, aux Antilles, on se demande si cette indifférence des instances fédérales n'obéissait pas à un non dit...
Voir la réaction de Lilian Thuram qui n'en revient pas.