Une France névrosée et pas du tout rock and roll !
Il y a 4 ans, il parlait de nettoyer La Courneuve au karcher. Oui, oui, c’était bien à La Courneuve. Il y avait eu un enfant mort à cause d’une balle perdue lors d’un règlement de compte. Caméras et micros embarqués, Sarkozy, ministre de l’intérieur, avait débarqué à la cité des quatre milles avec quelques tambours et beaucoup de trompettes.
Aujourd’hui, même lieu, même port. On s’était pas donné rendez-vous dans quatre ans mais par un curieux hasard, La Courneuve fait encore parler d’elle au 20 heures… Pourtant, c’est ce même 20 heures qui nous raconte que le bilan sécurité de Sarkozy est excellent !
Même délire sécuritaire encore et toujours autour de Julien Coupat. La police a encore arrêté de dangereux terroristes : ils faisaient partie d’un mystérieux front pour le sabotage de l’antiterrorisme.
C’est quand la liberté est menacée qu’il faut se battre pour elle et terroriser ceux qui pensent que la liberté est affaire de mérite.
En fait, petit à petit, force est de constater que tout est réuni pour que la névrose qui a saisi la France se transforme en grave crise de nerfs. Névrose, ça veut dire quand l’esprit tourne en rond. Il se sait malade mais persiste et signe dans ce qui a entraîné sa maladie.
Pour les férus de psychanalyse, on parlera de caractère anal. Rien à voir avec la sodomie, je vous rassure… Quoique !
Obsession de l’ordre, de la propreté, dégoût pour les idées nauséabondes et tout ce qui pue en général, les pauvres par exemple ; tendance toute aussi obsessionnelle à la classification, à la mise en fiches et en chiffres, aux règlements et aux lois, à l’attribution de critères, à l’attente de résultats, vision financière de la vie ; tout ça fleure bon la famille psychorigide dont la mère se pince le nez dés qu’elle voit une tâche et le père vérifie six fois par jour le contenu de son portefeuille.
Même la générosité affichée peut être trompeuse. Le rappel de nobles et beaux principes peut dissimuler un désir d’avenir vers encore plus d’ordre et de propreté. En témoigne la promesse non tenue de Nicolas Sarkozy que plus un français ne couchera dehors d’ici deux ans. Nous étions en pleine campagne électorale présidentielle, et beaucoup avait compris que l’état mettrait en œuvre une politique du logement audacieuse ou donnerait des moyens énormes pour un hébergement décent des personnes sans logement, sans ressource.
En fait, il fallait comprendre qu’on ne verrait plus personnes coucher dehors sur les écrans de journaux télévisés. Ah la dictature du 20 heures !
La rigidité d’esprit n’interdit pas la satisfaction des besoins y compris les plus superflus et pourquoi pas la fantaisie. On dit que les obsessionnels et les rigides sont régis par des compulsions qui les aident à lutter contre l’angoisse de leur état. L’achat compulsif, sur un coup de tête, est bien connu. Acheter c’est, d’une certaine manière, exister… J’achète dont je suis. J’achète beau et cher alors je suis magnifique et rare.
Alors, c’est avoir une très haute idée de sa propre existence que d’envisager l’achat d’un appartement de 700m² à 10 millions d’euros. L’appartement en duplex d’Yves Saint-Laurent et, dans le même immeuble que Mick Jaeger !
Nettoyer La Courneuve au karcher pour dormir sur ses deux oreilles rue de Babylone, juste au-dessus du chanteur des Rolling Stones qui veut dire non pas « pierres qui roulent » mais « vagabonds ». Quoi de plus rock and roll ! Après le Fouquet’s et le yacht du riche ami, l’apparte à 10 millions d’euros. Sarkozy fait dans le kitch et multiplie les fautes de goût.
La seule arme commune à toutes les composantes de cette société française bloquée, c’est la culpabilisation. Prendre en faute, reprocher, faire des procès d’intention, avertir, blâmer, condamner, désigner comme indigne, réclamer encore plus d’interdits, voilà à quoi nous sommes réduits. La police est dans nos neurones, nous verbalisons puis nous intentons des procès publics au nom d’une forme pervertie de démocratie : la démocratie d’opinion. Par le jeu des propagandes, des sondages et des campagnes de communication, l’opinion publique exerce en réalité un véritable diktat dans les mains d’habiles marionnettistes.
Nous en sommes au point où l’amour et ses formes sociales édulcorées que sont le respect, la bienveillance ou la considération, font l’objet d’injonctions forcément improductives car remplies d’une agressivité latente : « La France, aimez-la ou quittez-la », « Respectez l’autorité ». Même la rhétorique des droits et des devoirs aboutit au non sens qu’avoir des droits est devenu un privilège octroyé en fonction d’un mérite. On en a eu la preuve tout récemment, quand un jeune sans papier afghan, devenu champion de France de boxe, s’est vu octroyé des papiers…
Notre société sans dieu est à la merci des prophètes du malheur dont la seule fonction est de désigner des démons. Nous-mêmes. Et d’invoquer des sauveurs…