La libération ratée des otages colombiens vue par Libération

Publié le par Milton Dassier

undefinedL'envoyé spécial de Libération à Caracas, Jean-Hébert Armengaud, se prend pour un petit génie et nous livre son analyse de l'échec de l'opération "Emmanuel". Pour lui, tout est lié à la rivalité Uribe-Chavez et à une partie de poker-menteur entre les FARC, Uribe et Chavez. Il confond visiblement les négociations autour des otages des FARC avec les intrigues de palais de la politique à Paris.

Plus étonnant encore, il estime qu'à ce petit jeu tous les protagonistes seraient gagnants sauf les otages.

Personnellement, je n'ai jamais vu plusieurs gagnants à un tour de poker ou alors il faudra qu'on m'explique.

On va donc reprendre certains évènements et lire entre les lignes...

Le 8 novembre, Chavez reçoit à Caracas, devant les caméras du monde entier, Yvan Marquez, l'un des dirigeants des FARC. Chavez doit recevoir des preuves de vie des otages et souhaite les apporter à Sarkozy. Ces preuves n'arriveront pas dans les mains du président vénézuelien car elles auront été interceptées par la police colombienne. Entre temps, Uribe dessaisit Chavez de son rôle de médiateur ce que regrettent les familles des otages et des gouvernements européens et d'Amérique Latine.

Chavez se déclare disponible pour la poursuite de sa médiation mais l'idée fait horreur à Uribe. Suite à l'appel de Sarkozy aux FARC pour un geste humanitaire envers Ingrid Bétancourt, les FARC annoncent la libération de trois otages dont Clara Hojas, l'amie d'Ingrid Bétancourt. Une façon de répondre à l'appel de Sarkozy et de choisir Chavez comme médiateur au grand dam d'Uribe.

Cette libération ne s'est pas faite sans qu'on sache pourquoi. Il est pourtant facile à comprendre que cela ne profite pas aux FARC qui peuvent donner l'impression de renier leur promesse et d'avoir mené Chavez en bateau. Mais était-ce leur intérêt avec la présence de centaines de journalistes, d'Oliver Stone, de l'ancien président argentin et des ambassadeurs des pays d'Amérique Latine, de France et de Suisse? Uribe comptait certainement sur cette opération humanitaire pour tenter de pister les guerilleros et peut-être repérer leurs caches ou leurs bases, voire des lieux de détention d'otages. Il devait même savoir que les FARC auraient certainement eu vent du double-jeu des autorités colombiennes et qu'ils abandonneraient le processus de libération.

Si on reprend la comparaison avec le poker, on pourrait dire qu'Uribe a préféré se coucher au dernier moment pour ne pas laisser les FARC faire tapis et remporter le tour. Donc Uribe a sauvé les meubles, les FARC ont raté leur victoire et Chavez ressort de là avec une image très positive de dévouement ne serait-ce que parce qu'il avait la caution de la Croix-Rouge, des chefs d'état d'Amérique latine, de France et de Suisse pour mener à bien cette opération.

Publié dans international

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