La grande manipulation du débat sur l’islam

Publié le par Milton Dassier

Mon Dieu, délivrez-nous ! 

Et surtout ne délivrez pas un blanc-seing de cinq ans supplémentaires à cette droite qui fait régresser la France au niveau d’une confédération hébéphrénique.

Coincée entre sa grandeur passée et son présent mondialisé, la France est à la peine, à la traîne, pour tous les défis du 21ème siècle. Souveraine dans sa république si âprement défendue contre les puissances étrangères qui lui reprochaient d’avoir érigé des statues à la liberté, l’égalité et la fraternité, la France était sauve et reine grâce à la volonté de son peuple composite.

 

Rappelez-vous, la diversité était sa force. Avec ses immigrés de l’intérieur et tous ceux qui la peuplèrent au fil des siècles, la France constituait un terreau fertile d’où pouvaient émerger l’excellence et l’universel.

 

Tout cela est terminé, un caporal de la banlieue chic l’a décidé à notre place.

 

Le monde avance et la France recule. Sa population vieillit, sa lucidité aussi !

La France est arabe en plus d’être bretonne, lorraine, antillaise, italienne et polonaise.

Mais, elle ne veut pas le voir, du moins certains tentent-ils de la convaincre de garder les yeux fermés.

La France a oublié qu’elle fut terre de mélange et de création réussissant à lier subtilement  saveurs du terroir et parfums exotiques dans des domaines considérés aujourd’hui comme des arts à part entière.

 

La mondialisation aux règles opaques défendues par les occidentaux a entraîné leur déclin. De nouvelles puissances émergent et frappent à la porte d’une prospérité si convoitée. Les arabes du monde se battent pour la liberté et la justice. Un peu partout, les peuples sortent de leur léthargie. Les cartes sont bel et bien en train d’être redistribuées. Avec de nouvelles règles, on l’espère.

 

Mais, en France, au lieu d’envisager l’avenir autrement que sur des critères de domination économique, on fait des promesses : un peu de croissance, une baisse significative du chômage mais à condition de se serrer la ceinture ; une ceinture déjà trop lâche sur les ventres amaigris des uns à cause de la course aux profits des autres.

 

C’est pour ne pas voir ce déclin et ces lendemains qui déchantent, que la droite française a décidé d’entonner le couplet maintes fois remâché de l’identité nationale. Le chant devint vite le sketch de Fernand Raynaud de 1972, où il se fout de la gueule des racistes vous savez : « Moi, j’aime pas les étrangers, ils viennent manger le pain des français ! », sauf que l’étranger de Fernand Raynaud était boulanger… Alors aujourd’hui, on chante un nouveau refrain qui prétend détester la bouffe halal même dans les fast-foods !

 

 

 

Les révoltes dans les pays arabes sont une merveilleuse occasion pour la France de jouer de ce formidable atout qu’est sa diversité démographique.

On rêve d’émissaires et de diplomates français arabophones envoyés dans les pays arabes, on rêve de négociateurs de contrats d’origine africaine dans les pays d’Afrique, des spécialistes parfaitement au fait de la culture et des usages de chaque pays, capable d’emporter la décision, qui sait, sans avoir à trop verser de commissions.

 

Au lieu de réfléchir à cet avenir, on se retourne et on ne propose qu’un débat sur la place de l’islam en France. Tout ça parce que, dans certaines villes, des associations communautaires ont osé, ici, réclamer des horaires de piscine, là de la viande halal dans les cantines. Etrangement, on n'accuse que l’islam alors que d’autres communautés cultuelles font de même : protestants adventistes qui suivent le shabbat, juifs orthodoxes qui veulent de la nourriture casher. On parle des hôpitaux où il serait très difficile pour un médecin homme de traiter des femmes musulmanes. Pourtant, il me semble que les médecins des hôpitaux eux-mêmes, n’en ont pas fait un problème préoccupant.

 

Voyez ce reportage dans un hôpital de la Seine-Saint-Denis

 

 

retrouver ce média sur www.ina.fr

 

En fait, ce débat sur l’islam déguisé en débat sur la laïcité, c’est une manière de rassurer les petits retraités si apeurés par la baisse de leurs pensions et l’insécurité que n’a pas su combattre le gouvernement malgré sept lois sur la sécurité. On choisit de conforter les petits vieux en espérant qu’ils convaincront leurs enfants et petits-enfants que tout ça c’est la faute aux immigrés maghrébins et africains. Le débat va mobiliser toute l’énergie qui évitera de parler des problèmes économiques et sociaux de la France. Une partie de l’opinion manifestera son rejet, on criera « au loup fasciste » , jusqu’à ce qu’un évènement grave vienne retourner une opinion qui avait sur résister à ces sirènes décaties.

 

Il suffira d’une gare attaquée par des jeunes comme la gare du nord à Paris en 2007, d’un médecin agressé sauvagement dans une cité, d’une rixe entre bandes qui vire à l’émeute, tout ça bien médiatisé avec images sur You Tube reprises par tous les médias, sondages dés le lendemain commentés par des intellectuels autorisés genre Finkielkraut qui évoqueront le déclin identitaire de la France et la perte des valeurs républicaines.

 

Personne n’osera les contredire sans se voir taxé de mauvais français ou accusé de complicité passive avec les délinquants et les fraudeurs.

 

Finalement, plus besoin du FN pour stigmatiser les étrangers, les basanés et les musulmans, l'UMP a atteint la maturité pour le faire, et avec quels moyens!

 

 

 

Pourtant rappelez-vous, en 2005 lors des trois semaines d’émeutes qui embrasèrent toutes les banlieues françaises, on parla beaucoup des jeunes africains et des maghrébins, accusés d’avoir la délinquance dans le sang. Il n’y eut personne pour expliquer la présence majoritaire de jeunes blancs très violents dans les banlieues des villes de Bretagne, de Normandie ou du Limousin.

 

Les manipulations qui marchent sont souvent les plus grossières, elles sont surtout les mieux préparées. 

Publié dans opinions

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