Caroline Fourest s’est fourrée le doigt dans l’œil
Un article du Monde de ce jeudi signée Caroline Fourest, intitulé : « La diversité contre l’égalité ».
Ce qui motive cet article : Le président Sarkozy a l’intention de réformer le préambule de la constitution de la république en y inscrivant le terme « diversité ».
Liberté, Egalité, Fraternité, Diversité. Voilà ce que pourrait être la devise de la république désormais.
Comme on pouvait s’y attendre, cette idée déplait énormément à Caroline Fourest qui y voit la possibilité d’encourager le communautarisme et des politiques de discrimination positive.
Après s’être interrogé sur ce que recoupe le terme « diversité, elle donne quelques exemples de dérive.
Pour elle, si on voit la couleur de la peau comme expression de cette diversité, cela voudrait dire que des avantages spécifiques pourraient être octroyés au fils d’un diplomate noir et non au fils d’un ouvrier blanc qui en a peut-être plus besoin. Il faudra qu’elle nous dise combien de fils de diplomate noir français elle connaît à Paris dans le XVIème arrondissement !
A moins qu’elle ait voulu parler du fils d’un diplomate africain mais, je doute qu’il soit grandement concerné par la constitution française étant donné la profession de son père !
Et tout au long de son article, elle ne prend que cette référence : la couleur de la peau. Encore heureux qu’elle n’ait pas pris comme référence la religion car on aurait eu droit à l’exemple du fils d’un imam salafiste…
Elle poursuit avec cette interrogation fruit d’une réflexion profonde :
Imagine-t-on le risque de surenchère victimaire et de ressentiment intercommunautaire que peut générer cette approche ?
On y est ! Le mot est lâché : la surenchère victimaire. Ce qui signifie pour Caroline Fourest que les basanés, les membres de cette fameuse diversité n’ont que le mot « victime » à la bouche… Ils sont là pour tirer profit des malheurs de leurs ancêtres, sous-entendant par là que leur esprit civique est proportionnel à leur cupidité. Si ce n’est pas un jugement plein de condescendance basé sur un critère ethnique, je me demande ce que c’est!
Dans ce cas, Caroline Fourest révèle un racisme qu’on devinait parfois sous son militantisme antiraciste sans qu’on en soit totalement sûr…
Pas étonnant donc que des jeunes militants du FN apprécient ses idées…
Si on doit parler diversité, parlons-en bien et de façon éclairée. Quand on parle de la république, on a le devoir de la connaître. Or, quand on ne sort jamais de Paris, il est difficile de se rappeler que :
- la France compte 64 millions d’habitants dont plus de 2 millions habitent outre-mer
- 1/6 du territoire français se trouve hors du continent européen (A elle seule, la Guyane fait 90.000 km²)
- L’Islam est la deuxième religion de France
- Entre 1,5 et 2,5 millions de français vivant en France sont originaires de l’outre-mer
- Entre 2 et 5 millions de personnes sont issues de l’immigration.
Juste un exemple.
La diversité n’est pas une question de couleur mais de culture et d’identité. Il y des centaines d’ethnies amérindiennes et marrons en Guyane, terre française, qui souhaitent garder leur façon de vivre héritée de leurs ancêtres tout en ayant une identité française. Elles n’ont rien à faire des considérations sur le communautarisme qui font débat à Paris. La constitution ne doit-elle pas penser à elles ?
Autre donnée essentielle, trente pour cent de français se considèrent racistes. N’est-ce pas assez préoccupant aux yeux de Mme Fourest pour qu’on ne fasse pas un effort national d’éducation en direction des enfants français sur l’altérité et donc la diversité. Je verrais bien des cours d’éducation civique qui prendraient ce thème et expliqueraient aux enfants la diversité géographique, démographique et culturelle de la France et aborderaient avec eux ce qu’est le racisme, la xénophobie et les discriminations.
La fraternité ne passe-t-elle pas la reconnaissance de l’autre dans la totalité de sa personne donc de son histoire ?
Et que dire des langues et cultures régionales ? Trop dangereux pour la cohésion de la république ?
Non, Mme Fourest ne voit que le danger de « concurrence victimaire », c'est-à-dire, qu’elle a des fantasmes sur ces hordes d’indigènes qui réclameraient toujours plus de repentance, de réparations, par mimétisme avec les juifs et l’holocauste en culpabilisant encore plus ces braves français pour des crimes de naguère.
Ecran de fumée, car, en fait, qui parle de repentance ? Bouteflika et certains islamistes mais aussi dans un mouvement contraire, la droite aussi inquiète que Mme Fourest mais avec des raisons différentes.
Pourtant, en terme de mouvement en France même? Les Indigènes de la République parlent ils de repentance ? Aimé Césaire et la gauche autonomiste antillaise parlent-t-il de repentance ? Le CRAN demande-t-il des réparations ? Les nationalistes antillais, kanaques, guyanais, polynésiens demandent-ils une repentance ?
A ma connaissance non ou alors il s’agit d’initiatives isolées de petites associations.
Par contre, tous demandent les mêmes droits, se préoccupent de leurs spécificités historiques et culturelles, et surtout de l’égalité des chances malgré l’éloignement, malgré les fractures sociales, malgré les préjugés racistes, une égalité des chances inscrites dans la constitution de 1958 mais qui ne s’applique qu’à la tête et l’accent du citoyen.
Même Kemi Seba ne parle pas de repentance puisqu’il prône une identité africaine « kémite » pour tous les noirs.
Caroline Fourest nous révèle en fait, une fois encore, sa vraie nature. Celle d’une militante intellectuelle autoproclamée qui base toute sa pensée sur un féminisme militant à l’origine d’une pensée occidentale et progressiste de référence qui prend la forme d’une « loi » pour une morale aveugle. Une forme d’européocentrisme qui décide pour l’autre ce qui est moralement acceptable ou non.