Les tunisiens entrent dans l'histoire, Sarkozy sur le point d'en sortir
Il faut saluer la formidable leçon de savoir vivre démocratique que nous a offert le peuple tunisien!
Tout ça sous notre regard à nous, petits français, incapables de montrer la voie de la liberté et du salut républicain à nos enfants, si soucieux que nous sommes de la défense de notre pouvoir d'achat, de notre capacité à consommer les bons produits pas chers, fabriqués par exemple en Tunisie.
Toute la logique du silence des autorités françaises vis à vis du régime de Ben Ali, est dans cette complaisance vis à vis d'un régime corrompu gestionnaire d'une prospérité théorique, résultat de l'implantation d'entreprises françaises attirés par l'odeur de l'argent facile. Tourisme bon marché et, industrie aux coûts salariaux réduits, le "miracle" tunisien avait eu lieu. Il se faisait sur le dos du peuple qui participait ainsi, sans avoir droit au chapître, au pouvoir d'achat des européens toujours à la recherche de fringues et de vacances pas chères, d'une part et, à l'émergence d'une classe moyenne tunisienne et de nouveaux riches français et tunisiens, d'autre part.
Ce qu'il faut dénoncer ici, c'est ce néocolonialisme inventé par des français pour asservir les peuples par procuration.
Plus besoin de gouverneur, on prendra des gens du cru.
Plus besoin d'entretenir une armée et une police coloniale, on formera les locaux à réprimer leurs congénères.
On favorisera aussi un encadrement tunisien dans les entreprises, terreau d'une classe moyenne pleine de reconnaissance envers le régime, Sauf qu'avec la répresssion et la crise, le système était grippé....
La France soutient les régimes politiques prêts à faire de bonnes affaires, on ferme les yeux sur la corruption qui passe ainsi en frais de négociation dans les comptabilités d'entreprise, on offre des facilités, des incitations, des exclusivités pour encourager les bonnes volontés dans l'entourage du clan, on atténue la portée des protestations dans les médias et des recours judiciaires contre le dictateur ami.
Saviez-vous que Carrefour et Conforama ont eu besoin des neveux de Ben Ali pour s'assurer une implantation rentable en Tunisie?
Cette politique minable a toujours existé, n'en faisons pas l'apanage exclusif de Nicolas Sarkozy. Sauf que, malheureusement pour lui, tout se dévoile peu à peu sous son quinquennat. La pratique politique qui consiste à favoriser d'obscurs intérêts privés et partisans est un système généralisé qui touche tout autant les états et les multinationales.
L'affaire Woerth-Bettecourt ou le scandale du Mediator qui a permis à un ami du pouvoir de cacher la dangerosité d'un médicament des années durant, au nom de la défense de l'industrie pharmaceutique française, démontrent le même goût pour la complaisance et les compromissions que celles dont Ben Ali a bénéficié.
Certes l'entourage de Sarkozy ne va pas jusqu'à voler et faire du trafic de voitures et de bateaux de luxe comme les neveux de Leïla Ben Ali, il préfère jouer dans les méandres cachés du business international en faisant croire que cela aide la croissance de la France face à la mondialisation ..bla..bla. Affaire Elf, Angolagate, le pillage des ressources, le trafic d'armes couverts par des dirigeants politiques français ne valent guère mieux. Néanmoins, on est dans les mêmes logiques mafieuses que celles du clan Ben Ali.
Avec cette fantastique révolution du jasmin, les tunisiens, peuple d'Afrique, viennent d'entrer dans l'histoire. Ils ont envoyé un message formidable au monde.
Ils ont rappelé à tous que la politique est au service du peuple, de tout le peuple, rien que le peuple.
Quand on se souvient du discours de Dakar en 2007 sur cette Afrique pas assez entrée dans l'histoire, la France a intérêt à revoir sa politique africaine de fond en comble.
Car, il y aura d'autres Tunisies!