Sarkozy et la droite procédurière
Nul doute que son passé d’avocat y soit pour beaucoup. Dans ce milieu, on attaque pour diffamation ou dénonciation calomnieuse pour un regard de travers ou une allusion à peine déplacée. La justice dit le droit pour les gens honnêtes pas pour les voyous...
Harcèlement judiciaire contre Dieudonné (22 procès) par des associations qui ont pignon sur rue et les faveurs du pouvoir, plaintes pour antisémitisme contre diverse personnalités françaises comme Edgar Morin ou Pascal Boniface, plainte de Nicolas Sarkozy contre Hamé et le groupe de rap « La Rumeur » qui a donné lieu déjà à 4 procès, plainte en appel contre le dessinateur Placid, plainte de Michèle Alliot-Marie contre l’avocat Karim Achaoui, plainte de Rachida Dati contre un avocat réunionnais qui a rappelé son problème de diplôme, plainte de Nicolas Sarkozy contre le Nouvel Obs à propos d’un SMS, plainte du même contre Yves Bertrand, ancien patron des RG. Sans oublier tous ceux qui se retrouvent mis en examen pour outrage...
Il semblerait que le procès soit devenu une arme de dissuasion pour les gens de pouvoir quand ils se sentent menacés par une rumeur, une image défavorable, une information, ou le risque d’avoir à s’expliquer sur leurs actes réels ou supposés. Et dans ce cas, aucune importance que le procès soit gagné ou arrive à son terme, ce qui compte, c’est que la plainte soit suffisamment médiatisée pour susciter interrogations, débats, commentaires, polémiques qui embarrasseront celui contre lequel elle a été déposée. Nous sommes déjà loin de la défense d’un honneur bafoué, justification souvent avancée.
Dans le cas tout récent de la plainte contre Yves Bertrand, il n’est pas nécessaire que la plainte soit recevable, ce qui compte, c’est qu’on sache que Sarkozy passe à l’attaque et usera de tous les moyens. Une façon aussi de montrer à cet ancien directeur des RG qu’il n’est plus rien et aux députés chiraquiens que le patron c’est lui, Sarkozy.
En sait-on plus d’ailleurs sur l’affaire Clearstream ?
Non, on ne sait toujours pas qui est à l’origine de l’affaire. Finalement, bien que pris dans la tourmente judiciaire, Villepin a su montrer que son rôle n’aurait été que de réfléchir à la façon dont il aurait pu se servir d’une affaire qu’on lui a apportée sur un plateau. Oui, mais qui a garni le plateau ?
Il y a l’hypothèse pas si farfelue que l’affaire Clearstream n’aurait été qu’un piège fabriqué de toute pièce pour manipuler Chirac et Villepin en leur donnant matière à se lancer dans une opération anti-sarkozy. Car les listings de Clerastream ont été finalement comme une lettre anonyme adressée à Villepin et Chirac, dénonçant Sarkozy comme un délinquant financier.
Certains y voient la patte d’officines franco-américaines pour discréditer Dominique de Villepin, empêcher sa candidature à l’élection présidentielle et venger les Etats-Unis de l’attitude hostile de la présidence française à la guerre en Irak.
Sans doute, Yves Bertrand en sait-il plus qu’il n’a dit et que la plainte de Sarkozy vise-t-elle à le déstabiliser soit pour mieux accuser ses anciens mentors, Villepin et Chirac, soit pour se taire sur ce qu’il n’a pas encore dit !
La plainte médiatisée est bien devenue une arme de dissuasion, un message adressé à tous ceux qui voudraient s’en prendre à ceux qui détiennent le pouvoir quelque soit le mode d’expression utilisé : brouillons de notes, articles, sketchs, chansons..
Une guerre préventive médiatique de préférence contre un homme tout seul pour décourager toute critique vécue comme des attaques.