Sarkozy s'exhibe pour faire illusion
L'exhibitionnisme n'est pas seulement une préférence sexuelle. Certaines personne éprouvent le besoin de se montrer partout et de dévoiler une partie de leur intimité, persuadées que tout ce qu'elles font mérite d'être étalé au vu et au su de tous. Pour la première fois, la France a élu un président de ce style. S'il y a une rupture incontestable, c'est dans la façon dont le président tient à se mettre en scène. Tout est prétexte pour attirer les projecteurs et les caméras. Bref, l'amitié et l'admiration de Sarkozy pour les acteurs et le show-biz dissimulent à peine son goût très prononcé pour la théatralisation de ses comportements. Pas étonnant qu'une dramaturge fasse un best-seller des moments passés aux côtés du candidat pendant la campagne électorale.
Il faut une très grande confiance en soi, un narcissisme extrêmement solide pour ne pas avoir l'impression de passer pour un être ridicule chaque fois qu'on se regarde dans cet exercice périlleux.
On dit d'ailleurs que Sarkozy ne lit jamais les livres qu'on écrit sur lui. On le comprend !
Et ça continue ! Après les joggings, les frasques de Cécilia, le barbecue avec Bush et plein d'autres apparitions, voici le téléfilm sur l'affaire "Human Bomb" à la gloire des amis UMP des Hauts-de-Seine : Pasqua (qui vient d'être encore une fois mis en examen) et, bien sûr, Sarkozy. Un scénario qui relègue au rôle de figurants, les policiers du RAID, met en avant des femmes, l'institutrice, les deux médecins, et Nicolas Sarkozy !
Plus fort encore aujourd'hui, la photo du président tenant une lettre personnelle à la main et se faisant photographier avec de façon à ce que la presse puisse en lire une partie. Photo censurée au magazine Choc qui appartient à Arnaud Lagardère, mais photo visible partout sur le net avec la possibilité de deviner ce qui est écrit sur la lettre et susciter la rumeur d'une liaison extra-conjugale...Le "s'coupe" de la semaine !!
Dix mois d'exhibition permanente, campagne électorale comprise. De quoi donner la nausée en théorie. Le public en redemande, persuadé sans doute d'avoir face à lui : soit un homme exceptionnel auquel s'identifier, soit un homme qui, à force de se remplir la tête de ses propres images va se griser et tomber dans un précipice.
Regardez-le, il s'est tellement entraîné au débat devant un miroir qu'il en a gardé des réflexes dont il ne peut se défaire. Sa façon de dire quelque chose et d'enchainer par une question qu'il se pose pour rebondir sur la réponse sans appel construite à la façon d'un slogan aux mots simples et directs qui prend à témoin le public tout en muselant d'avance toute contre-argumentation de son interlocuteur. "Pourquoi? Eh bien, je vais vous le dire, qu'y a-t-il de choquant à vouloir le meilleur pour son pays?". "Les français comprennent très bien ce que je veux dire, Monsieur!"
Et si l'interlocuteur trouve une petite brêche où s'engouffrer pour démonter la pauvreté des arguments de Sarkozy, le public est encore une fois sollicité pour juger par lui-même de la justesse des décisions et de ce qui les justifie. Son habileté c'est d'arriver à jouer au type qui prend les commandes d'un 747 en difficulté, justifie les secousses dûes à ses manoeuvres brutales par la très grande proximité d'orages supposés, promet que l'atterrissage sera très compliqué à cause du comportement de certains passagers puis va réconforter les inquiets en les assurant à la fois de sa détermination et de son empathie sans oublier de faire du gringue aux hôtesses.
La diva, la star de cinéma adulée, l'idole du show-biz, un jour ou l'autre, ne contrôlent plus rien. L'image a alors étouffé l'authenticité de l'âme. La personnalité intime et profonde est emmurée dans une cacophonie d'images. Cacoscopie? Combien d'acteurs ont sombré dans les turbulences de la mélancolie ou de la folie parce que le public ne les assimilait plus qu'au personnage de leur meilleur film?
La politique ne serait-elle plus qu'un grand cirque à l'échelle de la planète?