Les missions secrètes d'OSS 118: Libération en cours pour Ingrid Bétancourt
Ingrid Bétancourt bientôt libre? Je vous écris depuis Caracas où je représente le gouvernement franç..euh non le président de la république. Le dénouement semble proche, la diplomatie du crocodile inventée par notre commandant suprême est à l'oeuvre en ce moment même. Je me rappelle ce jour béni quand le sauveur de la grandeur française, notre président, m'expliquait les tenants et aboutissants de sa politique étrangère.
"La diplomatie du crocodile, pourquoi?" m'a dit le président avec son incomparable force de persuasion.
Je répondis: " oui, mon président, c'est vrai mais c'est quoi au juste?"
- Ecoute bien, imagine une mare dans la jungle. Je m'immerge dissimulé dans l'eau boueuse, j'adore ça! De mes yeux perçants, j'observe ma proie..
- La proie, c'est Ingrid Bétancourt par exemple. Approuvai-je
- Pas du tout! La proie, c'est ma renommée et mon ambition. C'est l'opinion publique ou ma trace dans l'histoire. Comme tu veux! Je continue.
Toujours dans l'eau, j'aperçois un ...euh un..hippopotame, c'est Hugo Chavez, il jouit d'un certain prestige dans la mare et il aimerait que je lui offre des armes et une centrale nucléaire, comme à Kadhafi. Il faut dire que les américains se méfient de lui comme d'une maladie vénérienne. Je lui dis: Hugo d'accord pour que ma noble république française qui m'a élu, participe à ta révolution bolivarienne. D'accord mais en contre-partie, tu me retrouves Ingrid Bétancourt. Lady Cé, mon épouse en a fait une affaire personnelle et j'ai fait la connerie d'en rajouter pour montrer à Villepin que je sais faire mieux que lui.
Et avant que j'ai pu lui dire que le PS va encore lui tomber dessus, il ajouta:
- Hugo Chavez m'a déjà garanti qu'il va donner deux, trois coups de fil en Colombie et à La Havane où s'est régugié le chef des FARC que j'ai fait libérer - avec ton aide d'ailleurs - et que j'aurai peut-être bientot une bonne surprise pour Lady Cé et ma renommée internationale.
Timidement, j'osai : "Mais, président, les hippopotames et les crocodiles c'est en Afrique et non en Amérique du Sud..euh.oui, enfin il me semble que..mais bon!"
Il me répondit aussi sec! " Mais, Hubert, tu ne vas pas te mettre à faire comme Fion, qui aimerait devenir premier ministre et qui ne cesse de chipoter sur tout ce que je dis et me recommande la tempérance et la prudence! Moi, je fonce et je réfléchis après, c'est mon style et c'est pour ça que les français m'ont élu! "
- Mais, premier ministre, il l'est! Vous l'avez nommé à cette fonction!
- C'était pour mieux le controler, sinon il se serait fait élire à la présidence de l'UMP! De toutes façons, tu pars demain pour Caracas!
Dans l'impasse à Caracas
Je suis arrivé au Vénézuela il y a trois jours. Il faut dire qu'avant, j'ai dû donner beaucoup de ma personne. D'abord, convaincre Rama Yade de ne pas organiser une soirée dansante en pleine jungle pour attirer les guerilleros qui, une fois saouls selon elle, nous auraient facilement mené à Ingrid Bétancourt. Ensuite dissuader Kouchner d'entrer sur le territoire des FARC, accompagné d'ingénieurs de Total chacun avec un sac de feuilles de coca sur le dos, pour affirmer carrément à ces guerilleros que leur sol regorgeait de pétrole, et que Total allait l'extraire pour eux seuls et le leur remettre. Kouchner jubilait: "On leur dira : Muchachos, soy el doctor Kouchner, c'est TOTAL gratuit si vous nous rendez Ingrid Bétancourt!"
En attendant, Lady Cé continue de s'entraîner sur le lac de Winnipesaukee, pas dans l'eau, sur le yacht. Cette fois, pas de tenue de camouflage, pas de close-combat mais son charme, rien que son charme fou. Elle a fait venir Claire Chazal pour des cours de diction et de maintien face aux caméras et un professeur d'espagnol qui lui apprendra quelques formules de remerciement en espagnol. Rachida est là, à ses côtés, un peu gauche car émerveillée d'avoir su atteindre de si hautes sphères : "la cour des grands" comme elle dit avec cette naïveté si populaire . Lady Cé est aux anges malgré la fébrilité de son époux qui s'en est pris encore à deux photographes indiscrets.
Mais, Patricia Poleo, cette journaliste d'opposition vénézuelienne, une femme volcanique à l'haleine très pimentée, que j'ai connue dans un cocktail anticastriste à Miami, n'apprécie pas apparemment qu'Hugo Chavez, ce président qu'elle honnit par tous les pores de sa belle peau cuivrée, tire tous les bénéfices de ce qui sera son triomphe et celui de Nicolas Sarkozy, mon bien aimé président. Bien que nous ayons fait ami-ami à Miami il y a quelques jours, elle me les casse aujourd'hui à Caracas. Alors elle a vendu la mèche. Et au risque de tout faire capoter, elle a révélé certaines données de ce jeu de poker menteur entre les FARC, Chavez et ce formidable négociateur qu'est notre guide de la rupture tranquille.
Je vous tiens au courant de la suite des opérations.