Côte d’Ivoire, Libye : une nouvelle donne diplomatique en Afrique?
Laurent Gbagbo serait prêt à laisser le pouvoir et négocierait son départ.
Voilà une bonne nouvelle !
Laurent Gbagbo vient peut-être de comprendre qu’il risque sa peau à rester plus longtemps au pouvoir et surtout sa trace dans l’histoire de l’Afrique ne pourrait être qu’une simple tâche.
Malgré les passions vécues dans le camp des deux adversaires politiques, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, il faut remettre en perspective que ce dernier est au pouvoir depuis plus de dix ans, qu’il a, à son actif une guerre civile, qui a fait de nombreux morts et a failli provoquer la scission de son pays.
Dix ans au pouvoir, c’est trop ou alors doit-on se réjouir que le peuple d’un pays tel que la Côte d’Ivoire se satisfasse de dirigeants qui prennent le pouvoir et ne le quitte plus.
Voilà pourquoi, pour ma part, je suis favorable au départ de Gbagbo. Son bilan est négatif et son maintien au pouvoir plus que douteux. Gbagbo a trahi sa parole. Il s’était engagé à placer le processus électoral sous l’égide de l’ONU, il n’a pas accepté sa défaite en rejetant la part des votants d’une partie du pays plus favorable à Ouatarra puis, il a foulé au pied les principes démocratiques qui veulent que le dernier mot revienne au peuple tout entier. Cette situation ubuesque a affaibli son pays qui va se retrouver encore plus dépendant des grandes puissances qu’il ne l’était auparavant.
Pensons aussi à ceux qui, soit par intérêt, soit par naïveté le soutiennent encore, au péril de leur vie. Autant Gbagbo vivra-t-il une retraite sans nuage dans un pays d’accueil, autant ses partisans, en restant, subiront-ils des représailles de la part des vainqueurs avec toute la férocité qu’ils ont accumulée depuis des mois.
Ouatarra fera-t-il mieux que Gbagbo? Remplacera-t-il la corruption du clan Gbagbo par celle de son clan ? Pensera-t-il en priorité à l’essor de son pays et de ses habitants ? Rien n’est sûr, c’est un néolibéral plutôt autoritaire dont on dit qu’il fut impliqué dans des exactions à l’époque de son ascension politique dans l’entourage d’Houphouët Boigny. Il se dit même qu’il aurait mis Laurent Gbagbo et sa femme en prison quand il était aux affaires. Ce qui explique certainement la rancœur et l’acharnement de Gbagbo à ne pas céder le pouvoir à son vieil ennemi.
On pourrait se dire ainsi que choisir entre Ouatarra et Gbagbo, c’est comme choisir entre la peste et le choléra. Néanmoins, justice doit revenir à celui qui a gagné les élections.
Le peuple ivoirien est lassé de ces luttes intestines, ces rivalités qui le prennent à témoin, puis l’entraînent sur la pente dangereuse du chaos et de la guerre civile.
Il faudra scruter à la loupe les premiers pas d’Alassane Ouatarra et l’attitude des occidentaux.
Avec la crise libyenne et ivoirienne, il est certain que la diplomatie française a pris un virage à 180 degrés ces derniers temps. Elle a remplacé l’immobilisme conservateur par un pragmatisme opportuniste, à l’américaine.
Elle a remplacé le néocolonialisme et les contrats juteux par l’impérialisme et certainement des contrats encore plus juteux. La France devient, peu à peu, un sous-traitant de l’impérialisme occidental.
C’est comme dans une famille mafieuse. Il y a le parrain et il y a ses fils qui s’occupent chacun de certains secteurs avec une certaine liberté du moment que le parrain y trouve intérêt pour toute la famille. La filiale « Afrique » semble être confiée à la France, redevenue digne de confiance malgré des dissensions et des égarements.
Le talent de Nicolas Sarkozy, ces dernières semaines, c’est d’avoir réussi ce difficile virage de sa diplomatie et de faire croire aux français, par ses initiatives, qu’il est encore dans la lignée d’un de Gaulle ou d’un Mitterrand en politique étrangère.
Nous savons tous qu’il n’en est rien.
La preuve avec ce retrait de l’US Air Force des attaques en Libye… Apparemment, les Etats-Unis laissent l’OTAN et les européens régler le problème militairement et en tirer la gloire qui les comblera d’aise.
Par la suite, avec l’aide de la Grande-Bretagne, ils proposeront aux nouveaux dirigeants libyens de quoi leur assurer paix et protection pour longtemps contre une base militaire par exemple ?