L’obamanania à la française : Y a bon Obama !
Que cette élection étatsunienne devient un mauvais show.
Les médias se sont emparés de l’élection américaine avec l’intention de nous maintenir en haleine, façon premier pas sur la lune.
Ce serait un évènement extraordinaire : un noir président des Etats-Unis. Voilà l’objet de cette mascarade médiatique. Les américains vont-ils oser la couleur noire ? Les américains vont-ils réaliser le rêve de Martin Luther King en élisant un noir à la magistrature suprême ? Sauf que le rêve de Martini Luther King était plutôt qu’on ne se préoccupe plus de couleur de peau pour définir un homme…
Rappelez-vous, il y a quelques mois, ils étaient tous pour Hillary Clinton, Obama faisait figure d’outsider, un futur perdant de qualités et plein d’audace politique mais forcément battu par Hillary Clinton.
« Vous vous rendez compte, un noir président, impossible » suggéraient-ils ! « Les américains ne sont pas prêts » justifiaient-ils comme s’ils justifiaient par la même occasion leur propre méfiance envers toutes les peaux noires qui réussissent à percer le plafond de verre.
Y a bon Obama !
Mais là, il risque de gagner. Alors tous à vos trompettes de la renommée pour le concert post électoral sur les plateaux de télé.
Pour commencer, la chorale des commentateurs nous exécutera avec brio le célèbre « Je vous l’avais bien dit ! », puis enchaînera avec
« C’est une victoire logique de la tolérance ! », avant d’attaquer « L’Amérique est une grande démocratie ! » et finir par l’hymne américain que personne n’osera siffler de peur d’être débarqué manu militari par les agents de sécurité.
Bernard-Henri Lévy dirigera un opéra en cinq actes intitulé : « Obama, entre Kennedy et Martin Luther King ». Il en justifié la composition sur France 3 hier soir. Là, on frise la faute de goût. C’est drôle cette façon de vivre en se regardant dans un rétroviseur ! BHL, c’est :
« J’observe la vie politique dans ce carré de verre réfléchissant qu’on trouve sur les voitures et, incroyable, je vois Obama entouré de Kennedy et de Martin Luther King, j’ouvre alors un œil puis l’autre et je me vois, moi, Bernard-Henri Lévy.
Oui, j’en suis sûr désormais, je suis aux côtés d’Obama car s’il apparaît dans mon rétroviseur, c’est que je le précède dans la quête du Graal des grandes idées de notre temps. ! »
Au nom des noirs
Et puis, il y a l’inévitable Patrick Lozès qui a décidé aujourd’hui sur son blog de parler au nom des noirs et de s’adresser à Sarkozy pour qu’il fasse en France ce qui a été rendu possible pour Obama aux USA.
Mais pour Sarkozy, l’ascension de Rachida Dati et de Rama Yade, c’est une contribution, une Obamanania à la française. Donc dans la France des droits de l’homme, tout va très bien. Plus fort encore, notre président prétend être un sang-mêlé juste parce qu’il a des origines européennes diversifiées. L’Obama français, c’est lui, le frère de sang d’Obama, c’est lui. Après tout Obama a du sang blanc comme Sarkozy !
Quel journaliste osera lui demander si sa part hongroise se sent à l’étroit à côté de sa part française au point d’engendrer ces spasmes et rictus nerveux que beaucoup moquent ?
Au-delà du sens
Il est rassurant Obama, il est à moitié blanc tout en étant le futur premier président noir. Là, on est en plein arc-en-ciel sémantique. Extraordinaire cette façon des blancs de vouloir colorier un damier en noir et de prétendre jouer correctement dessus.
L’élection d’Obama va avoir pour effet d’obliger les blancs à revoir leur façon de parler des noirs, des métis et d’une manière générale de tous ceux dont ils pensent qu’ils ne sont pas comme eux. Finalement, un noir c’est quelqu’un qui n’est pas blanc à 100% et qui a des origines africaines. Regardez des gens comme Yannick Noah ou Dieudonné, un parent blanc, un parent noir, mais les deux célébrités sont vues comme noires. Cela s'explique, il n’y a pas si longtemps, pour les colonisateurs français, anglais, portugais, hollandais et selon les lois de certains états américains, un homme blanc qui avait un soupçon (je choisis ce terme délibérément) de sang noir n’était pas blanc On allait même jusqu’à définir des critères d’ascendance et de couleur de la peau.
On ne va pas imaginer que l’éponge émancipatrice républicaine a effacé comme par magie ces représentations dans les mentalités du pays des droits de l’homme y compris au sommet de l'élite.
Pour se faire une idée, on pourrait même faire un sondage à partir de personnalités ultra connues :
- Barak Obama : noir, blanc ou métis ?
- Lewis Hamilton : noir, blanc ou métis ?
- Maurice Béjart : noir, blanc ou métis ?
- Alexandre Dumas : noir, blanc ou métis ?
En fait, ils sont tous métis mais c’est la couleur de la peau qui en a fait soit des blancs (Alexandre Dumas, Maurice Béjart), soit des noirs. Quoique, pour Alexandre Dumas, on ait assisté pendant des décennies à un blanchiment progressif de sa peau dans les livres d'histoires pour sa contribution au rayonnement de la culture française. Question de mérite et surtout plus commode !
En conclusion, cette élection tourne à la grande farce antiraciste où malgré le confort de nos droits de l’homme, toutes les maladresses, tous les retours du refoulé racial émergent à la surface des bonnes consciences qu’on croyait immaculées tant elles sont drapées de ce voile blanc synonyme de lumière et de pureté.
Le plus incroyable est que j’ai vraiment l’impression que bien des blancs de France, surtout les plus anciens, ont du mal à concevoir une diversité démographique vécue avec sincérité et dans l’équité conformément aux lois et principes de la république qu'ils aiment tant parce que ça fait classe . Allez dire à ce genre de personne qu’un jour peut-être, un noir ou un musulman les dirigera…