Quand les JO se résument au tableau d’honneur des médailles
Tragi-comédie médiatique des J.O. où l’on se sent plus dans l’atmosphère d’une fin d’année scolaire que dans le temple du sport.
Ca ne vous énerve pas cette quête obsessionnelle de médailles de la part des journalistes sportifs.
On dirait que la beauté des gestes, le suspense des courses, l’âpreté des combats, la solidarité des équipes, le dépassement de soi, la maîtrise d’une technique ne comptent plus ou presque plus. Gagner, c’est le maître mot. « No time for loosers » comme il est dit dans la chanson de Queen « we are the champions ». No time pour Coralie Balmy arrivée seulement 4ème au 400m nage libre et donc pas suffisant pour éclipser Laure Manaudou arrivée, elle, dernière..
Le tableau des médailles par pays est publié plusieurs fois par jour, on se régale de la rivalité USA – Chine et on se désole de la place peu envieuse de la France reléguée entre le Togo et Singapour, loin derrière les autres pays d’Europe de taille comparable ou plus modeste.
Nos journalistes, leur leçon libérale et sarkozyenne bien apprise, sont fixés sur la médaille d’or, le titre olympique, le record du monde si possible dans un sport majeur, pas trop confidentiel. Et puis si le vainqueur était glamour, beau, charmant, répondant à toutes les demandes d’interviews et de photos, ce serait tellement bien… On adore faire des stars pour mieux les couler ensuite. C’est très français comme attitude !
Après plusieurs années de cinéma médiatique sur le phénomène Manaudou, les craintes d’excès médiatiques que les journalistes formulaient eux-mêmes sur la nageuse se révèlent au grand jour dans leur dimension tragique. Sans médaille aujourd’hui, Laure boit son calice d’eau chlorée jusqu’à la lie ou l’hallali et, à défaut de victoires, ses larmes font le délice des gazettes.
Les américains disent que les français sont capables d’exploits inégalables mais perdent presque toujours au moment du gain de la victoire finale…
Dur d’être un bébé des années 80-90 quand l’olympisme est devenu une gigantesque foire commerciale où l’athlète devient gladiateur d’un jour, jurant fidélité aux valeurs du fric et du patriotisme, sans avoir le droit de penser, contester. Pensez donc, un sportif fait du sport et ferme sa gueule. Fini le temps des hommages au Black Power en chaussettes et gants noirs comme en 1968 à Mexico.
Et puis quand vous apprenez que la Baron Pierre de Coubertin lui-même était un sympathisant du racisme et du fascisme et qu’il disait que la participation des peuples colonisés aux jeux olympiques sous la bannière de leur puissance coloniale les empêcherait de penser à se rebeller, vous commencez à avoir des doutes sérieux sur l’esprit olympique.
Le CIO a prouvé à maintes occasions qu’il n’était animé d’aucune intention visant à faire progresser l’idée de fraternité entre les peuples. Seul compte le soutien aux régimes politiques en place et aux affaires.
On a tenté de nous faire croire qu’il serait possible d’adresser un message au régime chinois pour qu’il assouplisse ses outils de répression. La polémique ridicule autour du fameux badge a montré que les athlètes ne seraient que les faire-valoir du régime chinois qui déjà clame haut et fort qu’il est à la tête de la puissance qui comptera dans le monde désormais.
Les ambitions chinoises sont largement atteintes sous les courbettes de Sarkozy et surtout,sous nos applaudissements.