Décryptage du comportement politique de Sarkozy

Publié le par Milton Dassier

undefinedLors de la campagne électorale, on a eu l'impression que les mots ne voulaient plus rien dire.
Il faut reconnaître que la communication du candidat Sarkozy était allée au delà de la simple mise en scène médiatique.
Les discours, les arguments semblaient avoir été ciselés au diamant tant ils étaient coupants, décapants, et tranchaient dans le vif les concepts de la gauche.

Canaliser la révolte "ras le bol" et le goût de l'ordre des petites gens
Ainsi, le candidat se donnait des airs "classe ouvrière" en ayant parfaitement compris qu'il y a chez les petites gens industrieuses ou à la retraite, un sentiment de révolte qui alterne bien souvent avec un appel à plus d'ordre, plus d'autorité.
Une révolte contre les privilèges que le candidat Sarkozy a su parfaitement canaliser par la suggestion et l'implicite.
Une petite phrase par ci contre les "privilégiés" des régimes spéciaux de retraite, une petite déclaration par là contre ces fonctionnaires et employés des services publics qui font tout le temps grève, une autre contre ces juges trop laxistes qui relachent les délinquants avec la bénédictionde leurs syndicats de gauche.

Rassembler les déçus de la politique
Désigner des coupables et des boucs-émissaires est une technique bien rôdée qui avait trouvé ses limites mais si vous y ajoutez un zest de compassion pour des victimes bien choisies du système et l'affirmation d'un grand dessein pour le pays, une rupture quasi philosophique avec un état d'esprit coupable de dérives habilement décrites, l'esprit de Mai 68, alors vous obtenez le cocktail rhétorique rêvé qui permet de réunir dans un même moule tous les déçus de la politique qui veulent que ça change dans l'ordre et une justice au mérite.
Changement dans l'ordre, justice au mérite, nous sommes bien là dans l'union des contraires.

Messages subliminaux

Quand Nicolas Sarkozy reprend le slogan de l'extrême droite "La France tu l'aimes ou tu la quittes", il fait une injonction paradoxale.
Injonction d'aimer son pays ou de le quitter. Imagine-t-on un homme disant cela à sa femme : aime-moi ou quitte-moi !"? En général n'importe quel être sensé se sentirait bien mal à l'aise. Car la formule veut tout simplement dire "sois soumise ou prend la porte !".
Les électeurs les plus à droite ont parfaitement compris le message implicite: "j'expulserai et je mènerai la vie dure à tous les sans-papier et tous les immigrés qui se réclament d'une vision multiculturelle de la France même s'ils sont français."
Quand Nicolas Sarkozy estime que la liberté de faire grève ne doit pas faire obstacle à la liberté de circuler et de travailler puis instaure le service minimum et l'obligation de se déclarer gréviste 48 heures à l'avance, il sait très bien que cela ne changera pas grand chose mais joue sur la portée symbolique en montrant ses muscles face à ces hordes de privilégiés des droits acquis que sont les cheminots et autres fonctionnaires. Une manière de s'attirer la considération de ceux qui babillent "ces tas des feignasses, je le les ferais bosser moi !" à chaque grève des transports.
Même chose avec ceux qui subissent des discriminations pour leurs origines, il les accuse de communautarisme et de victimisation tout en prônant la discrimination positive, jamais mise en oeuvre par ailleurs. Avec l'aide de "philosophes" de salon, il utilisera cette assimilation abusive pour villipender le désir de reconnaissance des descendants des indigènes et autres esclaves.

Noyer le poisson avant de le faire cuire
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Et comme il faut élever le débat pour ne pas paraître trop populiste et garder les voix des électeurs du centre droit, entrent en scène les paons à longues plumes et les perroquets exotiques comme Rama Yade, Rachida Dati et Fadela Amara. Henri Guaino passe son temps à éplucher les dictionnaires de citations à la recherche de la formule d'un écrivain ou d'une gloire de gauche respecté qu'il pourra insérer dans un discours de droite très lyrique aux côtés des valeurs sûres de la droite autoritaire. On a vu ainsi des références à Jaurès, à Maurras, à Blum, à Césaire, à Péguy, à Senghor et d'autres. D'autres conseillers font dans les valeurs chrétiennes à promouvoir, d'autres dans les opérations en eaux troubles.
Cela tire une larme d'émotion au fils de prolétaire qui culpabilisait peut-être d'avoir quitté le monde ouvrier, cela fait frissonner l'enseignant retraité qui craint les dérives policières de la société mais a encore plus peur de ces jeunes qu'il ne comprend plus à force d'entendre dire que c'est de la racaille.

Psychothérapie ?
Finalement, Sarkozy a été élu sur l'idée qu'il serait le président de la modernité, de l'ordre, du travail et du mérite avec en filigrane, sa propre personnalité qui aura été capable par la seule force de son travail et de ses convictions d'arriver aussi haut malgré de sérieux obstacles dans son propre camp.
Le problème est que sa fonction de président de la république, sa politique et son comportement évoquent une psychothérapie.
Que soigne Nicolas Sarkozy?
- La déchéance de sa famille en Hongrie à cause des communistes d'où son attirance pour les USA,
- Son complexe vis-à-vis des plus grands, plus puissants, plus riches que lui (une enfance sans beaucoup d'argent à Neuilly et dans les beaux quartiers de l'ouest parisien ). Petit de taille, peu argenté, pas brillant à l'école, un vocabulaire et une maîtrise du français peu développés pour son niveau et se prétentions. On imagine combien il a dû se sentir frustré dans les endroits où il faut paraître pour être vu et apprécié.
- Son désir de revanche à l'égard de Chirac, n'oublions pas que Sarkozy a été l'amant de Claude Chirac avant de connaître Cécilia, qu'il a vécu dans l'intimité des Chirac avant de le trahir.
- Son ressentiment vis-à-vis des élus UMP qui l'avaient copieusement sifflé en 1995 à cause de sa trahison
D'où son atlantisme inconditionnel, son libéralisme populiste affiché, son goût pour le luxe, le clinquant, les stars, le show-biz, sa vision "américaine" d'une politique des droits de l'homme, son attirance pour la morale religieuse chrétienne "apolitique", sa méfiance envers les députés et sénateurs. Vous avez remarqué que son gouvernement compte peu d'élus et qu'il s'appuie surtout sur ses conseillers très nombreux.
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A l'époque de Napoléon III, Charles Baudelaire se désolait que les idées aient été évincées au profit de la politique des intérêts et que la richesse soit montrée comme seul but de tous les efforts.
L'histoire bégaierait-elle?

Publié dans politique

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P
C est parfait , totalement ce que je pense de lui depuis qu il est ministre de l intérieur
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