Le rugby ne se joue pas en talonnettes

Le rugby ne se joue pas en talonnettes
 

34 à 10, sévère défaite pour une équipe de France qui s'est montrée vaillante, courageuse mais fébrile.

Les joueurs n'ont pas démérité, ils n'ont pas voulu jouer le score mais la manière, le panache. Ils n'ont pas transformé les pénalités pour leur préférer des tentatives d'aller à l'essai. Un réflexe de dignité orgueilleuse qui s'est heurté à une défense argentine de fer. C'est ce qui fait la lourdeur du score, l'impression d'avoir été malmené, plumé, fumé par une équipe d'Argentine magnifique alors qu'on l'avait décrite comme lourde, lente et fourbe.

Au moins, le cirque médiatique et commercial prend fin. Les rugbymen ne pouvaient pas s'attendre à devenir pour la première fois des super stars chargées d'écrire une page du roman national avec, en vedettes américaines un entraîneur, futur secrétaire d'état et un président de la république voulant sa coupe du monde comme son prédécesseur.

C'est la première fois, à ma connaissance, qu'une équipe de France se voit attribuer des sponsors politiques. Faut-il y voir le début d'une récupération politique du sport de haut niveau pour en faire des jeux du cirque le plus souvent possible?

La lettre de Guy Moquet lue aux joueurs avant leur entrée sur le terrain lors de l'ouverture de la coupe du monde et habilement volée par TF1, aura été la faute de mauvais goût qui dévoile des intentions cachées d'instrumentalisation politique.

Alors, quand on apprend que Guy Moquet n'était pas résistant mais otage aux opinions très engagées, qu'on rappelle à l'envie qu'il était communiste, on se demande si les conseillers du président ou le président lui-même ont une once de culture historique et de savoir-vivre.

Guy Moquet rêvait du grand soir, que dirait-il aujourd'hui de ce président de droite qui joue avec l'histoire et la mémoire, se sert de sa mort et en tire un profit politique?

Finalement, après Guy Moquet, ce sont les joueurs de rugby de l'équipe de France qui ont été pris en otages à cause de leurs supporters d'un mois à l'Elysée, avant de se faire fusiller pour de bon sur le terrain, de deux salves d'essais et de drops par une coalition étrangère anglo-argentine...