La guerre en Iran : C'est pour bientôt !
Finalement, après avoir vu les différentes interventions à l'ONU et la façon dont la presse occidentales en rend compte, on en arrive à penser que les déclarations va-t-en guerre de Bernard Kouchner, la semaine dernière, ont été un ballon d'essai médiatique pour voir comment l'opinion publique occidentale européenne pouvait réagir à l'idée d'une attaque contre l'Iran.
Le désastre médiatique et publique de la guerre en Irak a servi de leçon aux faucons néoconservateurs. Donc, à la façon du lancement prochain d'un nouveau yaourt, on hésite plus à faire du marketing de prélancement, une démarche "stratégique". Ne l'oublions pas, le plus grand ennemi des défenseurs de la guerre en occident, c'est l'opinion publique...
Tout est prêt du côté des militaires et on s'achemine vers une attaque aérienne massive d'une coalition "de la liberté" menée par les USA et donnant un grand rôle à Israël plus, de façon symbolique, quelques pays de la péninsule arabique, quelques pays européens, la Turquie et peut-être le Pakistan.
Des experts britanniques ont donné les détails d'un scénario plausible, voir ICI.
On en retient :
- l'absence d'engagement terrestre sauf aux frontières et dans certains sites sensibles, en tous cas rien de massif qui risquerait de d'inquiéter l'opinion publique américaine pour ses boys
- l'objectif d'une destruction totale, massive et durable par voie aérienne de l'armée iranienne, de son armement, de son aviation, de sa marine, de sa DCA et de l'ensemble de ses infrastructures militaires. Des missiles de très longues portée pourraient être tirés en plus des baombardements aériens.
- l'objectif d'une destruction totale des infrastructures économiques, routières, téléphoniques, technologiques et bien sûr nucléaires. Des groupes clandestins seraient déjà infiltrés en Iran pour y faire du sabotage. La marine américaine empêcherait un blocus du détroit d'Ormuz par l'Iran et un blocus du golfe persique serait établi au sud-est.
- le controle des champs pétrolifères et gaziers
On peut y ajouter sur le plan politique:
- la mise en place d'un gouvernement ami et militarisé qui mettra en place une dictature pour épurer le pays des religieux et de leurs amis impliqués au pouvoir
Pour avoir une vision de la faisabilité et des raisons qui poussent à cette guerre, deux cartes sont très parlantes. Sur la première ci-dessous, on y voit une vue d'ensemble de l'Asie centrale et en rose, les champs pétrolifères et gaziers ainsi que les grands voies de pipe-lines hors Iran (flèches bleues). Les petits avions et bateaux noirs, ce sont les bases militaires US.
La grande raison comme le rappelait Henry Kissinger est de s'accaparer le pétrole iranien et de s'assurer le contrôle total du golfe persique et du détroit d'Ormuz sans oublier les pipe-lines. La flambée des prix du pétrole et du gaz qui suivra ne sera pas pour déplaire aux multinationales pétrolières.
Une autre raison moins fondamentale, mais qui ravira l'opinon américaine, est de donner une bonne leçon à un pays qui a tant défié les USA et Israël depuis l'arrivée au pouvoir des ayatollah, en 1979, à la chute du shah, lui-même installé là de force par les USA en 1953 grâce à l'opération Ajax. La tragédie des otages de l'ambassade américaine de Téhéran est dans toutes les mémoires.
Dernière raisontrès importante : En éliminant l'Iran de la scène politique internationale, on élimine le soutien aux groupes de combattants du Hamas et du Hezbollah, d'où l'engagement probable d'Israël mais aussi, plus symboliquement, des monarchie du Golfe qui viennent de se voir doter par les USA d'un armement dernier cri pour 20 milliards de dollars sur plusieurs années. Ainsi, le Liban se débarrasserait encore mieux de l'influence syrienne et Israël marquerait à un point très positif dans sa guerre contre les palestiniens et le hezbollah.
Sur la deuxième carte, on a une vue d'ensemble des forces en présence et des objectifs nucléaires. On remarque ainsi que l'Iran (en vert) est encerclé à 75% de pays favorables aux américains (en bleu) et qui accueillent des bases militaires sur leur sol. On peut y ajouter sans problème la Turquie et l'Arabie Saoudite.
La raison du plus fort...
L'inconnu est à chercher du côté de Pékin et de Moscou sans oublier les peuples de la région pas forcément d'accord avec les choix de leurs dirigeants.
Les conséquences seraient désastreuses pour les européens qui auraient échoué sur toute la ligne dans leur offre de solution négociée et se retrouveraient discrédités et donc affaiblis. On risque d'assister dans les mois qui suivent à un revirement de certains pays d'Europe sur la question. D'où le test sur l'opinion qu'a essayé Bernard Kouchner...
Une fois de plus, c'est un peuple qui paiera les pots cassés des malades qui nous gouvernent..